Octobre
- Des dominants très dominés. Pourquoi les cadres acceptent leur servitude ?
16 Octobre 2024 de 18h à 20h à Lyon
L’invité : Gaëtan FLOCCO, sociologue, maître de conférences à l’Université d’Evry Paris-Saclay et membre du centre Pierre Naville.
Pendant longtemps, les cadres ont incarné l’emblème de la société salariale française. Synonymes de réussite sociale, ils ont largement bénéficié de la prospérité d’après-guerre. Mais depuis les années 1990, le capitalisme néo-libéral a mis fin à cet état de grâce : pressions managériales, intensification du travail, restructurations, etc. Dans ce contexte défavorable, ils consentent malgré tout à leur propre domination, en dépit des sursauts critiques de certains d’entre eux. Sur quoi repose cette acceptation de leur servitude ? Certes, la contrainte salariale, celle de l’indispensable rémunération, et la hantise du chômage dissuadent de toute révolte. Néanmoins, ces motifs sont loin de suffire. Les cadres puisent dans leur travail nombre de satisfactions, irréductibles à l’appât du gain et à la peur du déclassement. En estimant d’abord travailler pour eux-mêmes, ces profits symboliques les rendent aveugles à leur asservissement. Plus encore, ils adhèrent à l’idéologie managériale jusqu’à idéaliser et enchanter cet univers du travail qui pourtant les domine.
Décembre
- Fernand Deligny, enfant et institution. Pour une histoire de l’enfance en marge
12 Décembre 2024 de 17h30 à 19h30 à Annecy
L’invité : Michaël POUTEYO, éducateur spécialisé, formateur en travail social, docteur en philosophie.
Réputé arriéré, délinquant, orphelin, fou ou en danger moral, l’enfant en marge a vu se développer autour de lui un édifice institutionnel qui, entre le début du XXe siècle et la fin des années 1960, acquiert progressivement consistance matérielle et unification idéologique. C’est en examinant le parcours et le travail de Fernand Deligny (1913-1996) – instituteur, éducateur et écrivain – que la conférence entend redessiner son histoire. En revenant sur les alliances et les affrontements idéologiques qui sous-tendent cette évolution, cette enquête philosophique resitue la position de Deligny d’une part, et propose d’autre part un autre éclairage sur deux concepts au cœur de cette histoire : l’institution et l’enfant.*Conférence ayant également lieu à Bourg-en-Bresse, le 18 février 2025 - Le travail social : toujours une affaire de femmes ? Focus sur l’encadrement
12 Décembre 2024 de 18h à 20h à Firminy
L’invitée : Véronique BAYER, sociologue, membre de l’IRIS et directrice de l’Irfase de l’Essonne.
Le travail social a toujours constitué un secteur d’emploi attractif pour les femmes, y compris, dès sa construction, dans des postes de direction. Pourtant tout au long du XXe siècle, elles se sont vues progressivement écartées des postes à responsabilités. Si aujourd’hui on constate une féminisation des fonctions d’encadrement, ce processus garantit-il pour autant l’égalité́ entre les femmes et les hommes dans ce monde professionnel ? Ces observations et ce questionnement sont à l’origine d’une enquête réalisée par Véronique Bayer. La sociologue retrace d’abord les processus d’entrée, d’exercice et de mobilité des femmes et hommes cadres et souligne l’actualité de la division sexuée au sein du travail social. Puis, au travers des récits des professionnels, elle mesure combien certains modes d’encadrement sont traversés par des normes de genre (gestion, care), pendant que d’autres (néomanagement, caring management) prétendent, eux, les dépasser. Avec l’intention de renouveler la critique du travail social dans une perspective féministe, cette étude interroge les fondations puis l’évolution du travail social en France au cours des dernières décennies.
Janvier
- L’inceste : un crime d’identité
16 Janvier 2025 de 17h30 à 19h30 à Annecy
L’invité : Lionel BAUCHOT, psychologue clinicien, expert près de la Cour d’appel de Grenoble, membre du Conseil National des Avis Déontologiques et Éthiques, responsable clinique de la Maison de la Parentalité et des Familles d’Aix-les-Bains.
L’inceste, si longtemps confiné à la sphère privée, interroge nos représentations collectives de la famille, de la sexualité, de la liberté, de la relation et du pouvoir.
Or, la culture de la protection ne peut être édifiée sans piliers inébranlables afin de regarder la réalité en face et sortir du déni. La réalité peut être décrite en quelques chiffres : 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année. 5,4 millions de femmes et d’hommes adultes en ont été victimes dans leur enfance. Il est possible de sortir du déni, de remettre la loi à sa place, d’être à la hauteur des enfants victimes et des adultes qu’ils sont devenus. Cette conférence, en abordant une réalité impertinente, vise à sortir de notre aveuglement et à prendre conscience de nos empêchements pour assumer ensemble notre responsabilité collective de prendre soin de nos enfants, des victimes, mais aussi des auteurs. - Le Smartphone des enfants placés. Quels enjeux en protection de l’enfance ?
à Firminy initialement prévue le 30 janvier 2025, la Conférence est reportée à une date ultérieure
L’invitée : Emilie POTIN, maîtresse de conférences en sociologie à l’Université de Rennes 2 et membre du LIRIS.
Qu’ils vivent en famille d’accueil ou en foyer, la plupart des adolescents relevant de la protection de l’enfance, comme tous ceux de leur âge, ont accès à des instruments connectés. Alors que les mesures de placement cherchent à séparer les lieux de vie pour leur permettre de se construire à distance d’un milieu familial considéré comme inadapté, le smartphone constitue un cordon relationnel, qu’ils peuvent gérer de manière autonome. Quels usages en font-ils ? Comment les professionnels considèrent et s’impliquent sur les territoires socio-numériques ? Avec quel rôle ?Il s’agira de saisir les potentialités adossées aux usages juvéniles et familiaux des dispositifs socio-numériques en termes de droits, de liens, de protection et de mettre en exergue les défis auxquels sont confrontés les professionnels pour accompagner ces usages.
Février
- Fernand Deligny, enfant et institution. Pour une histoire de l’enfance en marge
18 Février 2025 de 18h00 à 20h00 à Bourg-en-Bresse
L’invité : Michaël POUTEYO, éducateur spécialisé, formateur en travail social, docteur en philosophie.
Réputé arriéré, délinquant, orphelin, fou ou en danger moral, l’enfant en marge a vu se développer autour de lui un édifice institutionnel qui, entre le début du XXe siècle et la fin des années 1960, acquiert progressivement consistance matérielle et unification idéologique. C’est en examinant le parcours et le travail de Fernand Deligny (1913-1996) – instituteur, éducateur et écrivain – que la conférence entend redessiner son histoire. En revenant sur les alliances et les affrontements idéologiques qui sous-tendent cette évolution, cette enquête philosophique resitue la position de Deligny d’une part, et propose d’autre part un autre éclairage sur deux concepts au cœur de cette histoire : l’institution et l’enfant.*Conférence ayant également lieu à Annecy, le 12 décembre 2024
Mars
- Luttes contre la dévaluation : les raisons d’être des professionnels du travail social
27 mars 2025 de 17h30 à 19h30 à Annecy
L’invité : Jean-François GASPAR, maître assistant à la Haute École Louvain en Hainaut & Haute École Namur Liège Luxembourg, responsable du CÉRIAS (Centre de recherche du Master en ingénierie et action sociales LLN/Namur).
Qu’en est-il aujourd’hui du « sentiment de compter pour les autres » (Bourdieu) des professionnels du travail social ?
Hormis, les bénéfices très temporaires, d’une forme de reconnaissance octroyée pendant la pandémie, le capital symbolique de ces professionnels apparait comme bien faible. Dès lors, comment « tiennent-ils » ? Trois pôles de raisons d’être peuvent être mis en évidence, qui se jouent aussi bien dans leurs pratiques professionnelles quotidiennes que dans la production de discours sur ce qu’ils font et sont. - Et le réfugié fut : le récit dans la demande d’asile en France
24 mars 2025 de 18h00 à 20h00 à Bourg-en-Bresse
L’invitée : Lou BOUHAMIDI, Docteure en Sciences du langage, membre du laboratoire ICAR de l’École Normale Supérieure de Lyon. ATER (attachée temporaire d’enseignement et de recherche) en Didactique du FLE à l’université de Besançon Franche-Comté depuis septembre 2023.Cette intervention se propose de revenir sur mon parcours de recherche doctoral en sociolinguistique. Il a été consacré à l’investigation des fonctions et les usages du récit requis en français auprès de personnes étrangères, en grande proportion allophones, dans le cadre de la procédure de demande d’asile. Ce « récit d’asile » est censé détailler les motifs de départ et les craintes de persécution des demandeur·es d’asile en cas de retour, mais il est rarement rédigé par le ou la seul·e demandeur·e, faisant intervenir différent·es acteurs et actrices au cours de la procédure. Dans une approche sociolinguistique, j’examine les modalités multiples que prend sa co-élaboration au long de cette « chaine d’écriture » (Fraenkel, 2001). L’analyse se donne pour ambition de reconstituer la trajectoire de ces récits afin d’apporter un concours à la description de l’étranger.e apte, par la manière dont il ou elle performe son récit, à intégrer la catégorie des personnes protégées au titre de l’asile.
Avril
- Transformations du travail social et des parcours d’accès aux droits face à la dématérialisation des démarches administratives
3 avril 2025 de 18h à 20h à Firminy
L’invitée : Nadia OKBANY, maîtresse de conférences en sciences politiques à l’Université de Toulouse Jean Jaurès et membre du CERTOP.
La dématérialisation des démarches d’accès aux droits sociaux et la réorganisation des accueils de service public impacte le travail social. A partir d’une recherche, Nadia Okbani tente de saisir en quoi l’administration en ligne modifie les modalités d’interaction avec le service public et reconfigure la division sociale locale du travail d’accès aux droits, impliquant des arbitrages voire des tensions à différents niveaux et entre les acteurs de l’administration, du social et du numérique. Elle analyse comment ces changements transforment les pratiques professionnelles du travail social et la nature de la relation d’aide, mais aussi dans quelle mesure cette dématérialisation complexifie les parcours d’accès aux droits des publics, tout particulièrement des plus précaires. - Le soutien à la parentalité : qualifier ou disqualifier les parents ?
4 avril 2025 de 18h à 20h à Bourg-en-Bresse
L’invitée : Jessica POTHET, maîtresse de conférences en sociologie à l’Université Lyon 1, membre du centre Max Weber.
La conférence s’adosse à différentes enquêtes menées sur la parentalité et l’accompagnement des parents en France. Il s’agira de questionner l’acuité dont jouit de manière progressive la « parentalité » au sein de l’accompagnement socio-éducatif, et d’interroger ce qu’elle fabrique en termes de définition du travail parental, et de définition de l’enfance. Nous verrons que les attentes adressées aux parents ne cessent de croître à la faveur d’une norme, très ferme, de participation et d’engagement de ces derniers. Toutefois, ce tournant parentaliste est plus spécifiquement dirigé vers les parents de milieux populaires, cela dans une logique de prévention des risques d’échec scolaire, mais aussi dans une logique de prévention des risques de turbulences urbaines. Parfois confondues au sein de dispositifs hybrides, à l’instar des stages de responsabilité parentale, ces dynamiques contribuent à disqualifier le travail parental des parents de conditions précaires, et à produire des définitions socialement situées de l’enfance. - Cannibales en costume. Enquête sur les travailleurs du 21ème siècle
23 avril 2025 de 18h à 20h à Lyon
L’invité : David COURPASSON, professeur de sociologie et directeur du centre de recherche OCE à l’EM Lyon Business School.
Un cannibale peut-il porter un costume ? Cette question, d’apparence saugrenue, permet pourtant d’expliquer le carnage social à l’œuvre depuis des décennies dans les bureaux et ateliers que nous fréquentons quotidiennement : plus encore que l’usine sale et bruyante d’hier, la start-up bouillonnante et l’entreprise d’aujourd’hui forment un univers où tout le monde mange tout le monde, où les salariés se dévorent entre eux et se dévorent eux-mêmes. Au point que des gens ordinaires basculent dans l’indicible, en acceptant, voire en provoquant le sacrifice de leurs collègues, pour rester eux-mêmes dans la course. Beaucoup s’effondrent ; d’autres bricolent, s’arrangeant pour retisser quelques liens de solidarité… Comment repenser une frontière entre une barbarie, un cannibalisme qui semblent inéluctables et une cohabitation néanmoins nécessaire, plus pacifique et généreuse, entre les hommes ? Résultat de près de trente années d’enquête dans de multiples lieux de travail, ce livre raconte autant de trajectoires de travailleurs déchirés par d’insondables dilemmes : soutenir le copain en galère ? L’éliminer pour le remplacer ? Refuser de faire un sale boulot ? Ou se taire, trouver les raisons de son indifférence et continuer sa route, un peu plus seul sans doute, mais toujours vivant ? Il en résulte un ouvrage poignant, qui interroge sous un nouveau jour notre rapport au travail, et aux autres.
Mai
- Accueillir « chez-soi » des exilés : une solidarité subversive sur le territoire de la vallée de la Roya
15 Mai 2025 de 17h30 à 19h30 à Annecy
L’invitée : Hélène MAZIN, chercheure en sociologie et travailleuse sociale.
Fin 2015, un grand nombre de personnes en exil, principalement originaires d’Erythrée et du Soudan, empruntent les sentiers de la vallée de la Roya pour franchir la frontière franco-italienne. Spontanément, certains riverains leur portent assistance en les invitant à venir se reposer quelques temps chez eux. Ces actes sont surveillés de près par les autorités dans un contexte où la vallée de la Roya est devenue un point névralgique de la lutte contre l’immigration. Cette conférence s’inscrit dans le cadre d’une enquête ethnographique menée par Hélène Mazin dans la vallée de la Roya à partir d’un engagement bénévole au sein d’associations locales. Elle interrogera les épreuves de l’accueil des exilés au prisme du rapport au territoire et au « chez-soi ». Cette recherche invite à réactualiser la thématique de l’hospitalité aux regards des spécificités territoriales et à repenser l’engagement citoyen. - Le Parlement européen, une école de formation pour les cadres du RN
15 mai 2025 de 18h à 20h à Firminy
L’invitée : Estelle DELAINE, maîtresse de conférences en sciences politiques à l’Université de Rennes 2 et membre du laboratoire Arènes.
Que font les équipes parlementaires d’extrême droite dans une institution politique ? Comment la démocratie peut-elle donner des ressources à des partis d’extrême droite ? Un parti d’extrême droite change-t-il lorsqu’il a des député-es ? A partir d’une ethnographie menée auprès des membres des équipes parlementaires européennes du RN (élu-es, assistant-es parlementaires, conseiller-es politiques), Le travail d’Estelle Delaine s’intéresse aux manières dont l’extrême droite se forme à la démocratie, en son sein. Le Parlement européen est un cadre d’analyse particulièrement intéressant : l’Europe est touchée par une crise de légitimité (des critiques de « déficit démocratique », ainsi que des remises en question des pouvoirs de son Parlement), et son organisation interne est multiculturelle et consensuelle. Or, depuis la huitième mandature (2014-2019), les deux grands groupes historiques (PPE, la droite majoritaire et S&D, la gauche majoritaire) ont perdu en influence, avec la création de groupes d’extrême droite plus stables et numériquement plus importants. Comptant des élu-es depuis 1984, le RN n’a pas dans ses rangs que des inactifs – au contraire, les membres des équipes parlementaires d’extrême droite ont développé des stratégies, et peuvent évoluer (et parfois gagner) dans cette institution élitaire. - Le mal-être au travail : quand le service social se penche sur les maux du travail
22 mai 2025 de 18h à 20h à Bourg-en-Bresse
L’invitée : Antoine GUILLET, Formateur et doctorant en sociologie à l’Université Lumière Lyon 2, membre du Centre Max Weber.
Quel est le mandat du service social dans la prise en charge des facteurs de risques psycho-sociaux au travail ? Comment agir sur un phénomène aux contours flous, objet de désaccords politiques et scientifiques profonds et qui fait l’objet de mouvements de dépolitisation et d’individualisation ? À la frontière entre la vie privée et professionnelle, entre l’individu au travail et l’organisation du travail, ces services sociaux sont aux prises avec une ambiguïté structurelle : ont-ils vocation à adapter ou réadapter les individus au travail en prenant en charge les problématiques venant perturber l’activité professionnelle ou à agir sur le travail lui-même ?
Juin
- La Pédagogie Sociale, boussole de l’éducateur dans un monde qui change
26 Juin 2025 de 17h30 à 19h30 à Annecy
L’invité : Laurent OTT, formateur chercheur en Travail social – Philosophe social.
Le déferlement de la précarité a mis en crise nos institutions et nos pratiques éducatives, sociales, culturelles et sanitaires. Il est aujourd’hui difficile de trouver du sens dans nos actions depuis des institutions qui ont pensé leur légitimité et schéma d’intervention durant les 30 glorieuses.
La Pédagogie sociale propose une vision libérée des interventions sociales, à partir des réalités concrètes et en dehors des institutions. Cette conférence animée par Laurent Ott, permettra d’en présenter les bases.